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Le coronavirus provoque une vraie chasse aux œufs dans les épiceries en Israël. |
"Ein Beitsim" (pas d'œufs) affichent en hébreu lundi 6 avril des pancartes improvisées sur des cartons déchirés à l'entrée de plusieurs supermarchés de Jérusalem, avec dans un cas, une blague rédigée en caractères minuscules : "les poules sont en quarantaine".
Les poules n'ont pas arrêté de pondre. Mais ici, les œufs manquent. En Israël, ceux-ci font partie du régime quotidien de millions de personnes, au point que des consommateurs se brouillent dans les allées des supermarchés afin de stocker de vrais œufs - et non des copies chocolatées - à l'approche de Pessah, la Pâque juive qui s'étire sur huit jours à partir de mercredi 8 avril.
Devant les enseignes, des Israéliens font la queue, le bas du visage recouvert d'un masque de protection. "Il y a des œufs?", demandent certains, hagards, aux personnes qui sortent des magasins.
Une fois à l'intérieur, c'est la désolation devant les étagères vides là où habituellement s'empilent des cartons de douzaines d'œufs, gros, petits, extra-jumbo, blancs, bruns ou bios.
Cette pénurie agace d'autant plus que l'œuf fait partie des sept éléments du plateau du Seder, repas qui marque le début de Pessah, avec les herbes amères, le pain azyme, deux légumes, un mélange de noix et de pommes ainsi qu'un os d'agneau ou de volaille en son absence.
Pendant la huitaine pascale, nombre d'aliments sont aussi proscrits, comme les pâtes, ce qui fait de l'œuf une valeur alimentaire refuge qui entre aussi dans la composition de plats comme les "boulettes de matsa".
"Marché noir"
La fête commémore, selon la tradition, l'exode du peuple hébreu d'Égypte et son errance dans le désert. Les mets, disposés sur le plateau et dégustés dans un certain ordre au cours du repas, ont tous une fonction symbolique. L'oeuf représente le sacrifice rituel à l'époque du Temple de Jérusalem, dont il rappelle la destruction.
Des juifs ultra-orthodoxes font la queue devant un magasin à Bnei Brak, en Israël, le 6 avril. |
Dans certains marchés, la vente est rationnée et limitée à une ou deux boîtes par client. À d'autres, elle est conditionnée. Un journaliste de l'AFP a constaté qu'un vendeur exigeait des clients un achat minimal de 65 shekels (environ 16 euros) pour pouvoir acquérir le précieux sésame : une boîte de 12. Des cas d'augmentation soudaine des prix ont aussi été rapportés par les médias locaux.
Dans ce scénario, un phénomène inquiète les autorités : le marché noir. Face à l'émergence de ce marché parallèle et craignant des risques sanitaires, le ministère de l'Agriculture a appelé la population "à acheter des oeufs dans des points de vente connus et légaux et non sur le marché noir ou ceux vendus au porte à porte".
Opération spéciale
"On était préparés à une hausse de 10 à 20% de la demande à cette période de l'année, mais pas à 60%", explique Arbel Shiran, qui dirige la chaîne de magasins Bio Nizat Haduvdevan. Selon lui, si la demande a explosé, les capacités de production sont elles restées inchangées, ce qui pose problème.
Et, dit-il, à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Pour pallier le manque, le gouvernement a pris des mesures spéciales pour importer d'urgence des dizaines de millions d'œufs d'Europe.
"Compte tenu de la pénurie", le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre des Finances, Moshe Kahlon, ont donné leur feu vert pour "subventionner l'importation d'oeufs par voie aérienne d'Europe vers Israël", a indiqué vendredi 3 avril le bureau du Premier ministre.
Les formalités douanières ont été allégées et les quotas d'importation revus à la hausse, selon une directive du ministère de l'Agriculture. Une première cargaison géante est arrivée d'Europe dimanche 5 avril par voie maritime. Une prochaine livraison est attendue mardi 7 avril, juste avant Pâque.
AFP/VNA/CVN